Régine Petit nous fait danser le NIA

Régine enseigne le NIA. Le quoi ? Le NIA. C’est une danse ou plutôt « un outil de révélation de la joie », selon la principale intéressée. Dans ses cours on fait des zip, des shebam, des pow, des blop et des wizz. Ca swingue, ça chante et ça pétille. Ancienne prof d’EPS, Régine a essayé tous les sports – enfin beaucoup. Elle a même été propriétaire d’un centre de remise en forme dans les Alpes-maritime, sa région natale. Puis elle s’est envolée pour les Etats-Unis où elle a découvert LA discipline. Quelques années après, elle est revenue en France. Dans ses valises : un concept d’enfer, remède miracle contre l’apathie, la dépression et les petits coups de blues. Entretien. 

Comment as-tu découvert le NIA ? J’ai découvert cette technique en 2003 alors que je vivais aux Etats-Unis. Je parlais avec une amie quand elle me demande : « tu connais le NIA ? ». Réponse : non. Qu’est-ce que c’est ? Elle m’explique et me donne une cassette vidéo, un enregistrement d’une séance de NIA. Et là, je vois sur mon écran télé, des gens faire des trucs très spéciaux avec des mouvements empruntés à divers arts martiaux et d’autres disciplines comme la danse libre et le yoga. Ca ressemblait beaucoup à ce que je proposais dans mes cours. Sauf qu’ils allaient encore plus loin que moi. Je me suis dit : « C’est ça que je cherche ! ». A l’époque, je travaillais dans un centre sportif en Virginie. Je ne m’en étais jamais aperçue, mais il proposait des cours de NIA. Je m’y suis inscrite. La pratique a confirmé l’impression ressentie devant mon poste de télé.

Qu’est-ce que le NIA est venu t’apporter ? Le NIA, c’est un instant de pause de son quotidien. Un moment que l’on s’offre à soi-même, une parenthèse pour se ressourcer. Il permet d’exprimer et de jouer avec les émotions, de se relier à soi-même, de s’aligner, de se remplir d’une belle énergie, d’évacuer tout le stress.  Cette technique regroupe tout ce qui est important pour moi : la joie du mouvement, le partage avec les autres, le rapport avec sa propre intériorité, la reliance avec l’univers et l’infiniment grand.

Comment ? Il y a d’abord les multiples possibilités offertes par la gestuelle. Elle permet de s’extérioriser, d’exprimer des émotions, de se relier à soi-même ou de rentrer en contact avec l’autre. La musique joue, elle aussi, un rôle important. Nous disposons de playlists élaborées à partir de morceaux peu diffusés sur les réseaux de grandes écoutes. Ils ne peuvent donc pas être reliés à des souvenirs ou quelque chose de connu. Il y a juste le rapport au rythme et le pouvoir guérisseur de la musique. La réception de vibrations musicales permet de nettoyer le corps des énergies, pensées et mémoires négatives.

Et puis, il y a l’émission de son : des OUI, des NON, des onomatopées de l’ordre de l’instinctuel. Sortir le son, c’est quelque chose de très puissant et guérisseur. La société dans laquelle nous vivons ne nous donne pas la possibilité de nous exprimer avec la voix. Il ne faut pas parler trop fort, rire aux éclats n’est pas bien vu et je ne parle même pas de se mettre en colère. Le NIA donne cet espace et permet d’exprimer et de libérer les émotions enfouies.

Pourquoi avoir décider d’importer le NIA en France ? En à un moment donné, j’ai dû rentrer en France. J’ai voulu pratiquer le NIA mais j’ai très vite constaté que ça n’existait pas ici. Je sentais qu’il y avait quelque chose. Ca frissonnait, ça résonnait. Je suis donc partie suivre une formation pour pouvoir enseigner cette technique. J’avais l’avantage d’avoir déjà pratiqué la quasi-totalité des disciplines qui la composent à l’exception de la danse libre d’Isadora Duncan et de la technique Alexander (il faut ajouter à cela le taï-chi-chuan, le tae kwan do, l’aïkido, la danse jazz, la danse moderne, la méthode Feldenkrais et le yoga ndlr).

 Comment se sont passés les débuts ? Quand je suis rentrée en France, j’ai trouvé du travail en tant qu’éducatrice sportive dans une structure hôtelière de standing du Cap d’Antibes. J’ai commencé ma carrière de prof de NIA avec des petites mamies qui venaient en cours avec leur vison. Le meilleur, c’est qu’elles adoraient ça !

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Et ensuite ? Je n’étais pas très heureuse à ce poste et ma passion pour le NIA devenait de plus en plus forte. J’ai contacté les autres Français qui enseignaient cette technique. Nous étions cinq installés dans différents pays. Nous avons décidé de créer un événement NIA à Paris. C’était en octobre 2006. Ce premier jam a réuni beaucoup de monde. Quelque chose prenait, je pouvais le sentir. J’ai eu un déclic : si je voulais faire parler de cette technique en France, il fallait être à Paris. Paris, c’est un peu comme les Etats-Unis, il y a un brassage culturel et social propice au développement de pratiques comme le NIA. Quand j’ai décidé de déménager, tout s’est aligné. J’ai trouvé un CDI en moins de deux mois et mon chef qui m’avait toujours mené la vie dure, m’a laissé partir sans aucun problème. Un peu plus tard, nous lancions, l’association Danse ta vie. En 2010, la structure gagnait suffisamment d’argent pour me salarier.

As-tu rencontré des épreuves, nourri des doutes ? Au fond de moi, je savais que ça allait déboucher. J’ai quand même dû faire face à des épreuves et de phases de doutes. Au départ, le plan c’était de monter une structure avec les cinq profs organisateurs du premier jam parisien. Il y a eu une rupture. Nous nous sommes retrouvés à deux. Ca m’a vraiment déstabilisé. Il y a aussi eu toutes les fois où je me retrouvais seule dans la salle, sans personne pour suivre le cours. Je dansais quand même. Je me souviens d’un soir. Imagine le pire tableau : je rentrais d’un cours où personne ne s’était montré, j’étais sur ma moto, il pleuvait des cordes et j’étais coincée derrière un camion-poubelle. J’étais désespérée. J’ai demandé un signe. En rentrant chez moi, je consulte ma boîte mail. Et là, je vois un message d’une journaliste. Très intéressée par le NIA, elle souhaitait me rencontrer pour rédiger un article. J’avais mon signe ! Suite à cela, toute la presse a suivi. Nous avons eu des articles dans Atmosphères,Figaro Madame, Avantages, Elle. Tous ces obstacles, ces ruptures, ce n’est pas très agréables sur le moment. Mais aujourd’hui, je sais que ça m’a aidé à voir plus loin.

Que souhaites-tu transmettre aux personnes qui viennent suivre tes cours de NIA ? J’ai envie de les amener à se relier à l’étincelle de vie en eux.  J’espère que mes cours les aident à se reconnecter au plus profond d’eux-mêmes pour qu’ils puissent s’épanouir dans toute leur singularité. J’aimerais que chacun puisse aller sur le chemin de l’amour et de la confiance en soi. Si nous étions plus en contact avec notre corps, beaucoup de problèmes pourraient être résolus. Quand on est dans la justesse, ça vient tout seul. On est inspiré, on est porté par les synchronicités. Nous faisons partie d’un tout. Nous avons tous besoin des uns et des autres. Si nous sommes à notre juste place, dans notre brillance, il n’y a plus d’inférieur, de supérieur, de jugement de valeur. Tout est simple.

 

Ca vous donne envie, n’hésitez pas à consulter le site du NIA en France : nianow.fr

 

Photos : ©Lucile Pescadère

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